Dieu dit dans le Coran :
« O Humains ! Nous vous avons créés à partir d’un mâle et d’une femelle et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous connaissiez entre vous. Le plus noble d’entre vous pour Dieu est le plus pieux. Dieu est parfaitement sachant et bien informé. »[1]
« Sont-ils donc eux qui répartissent la miséricorde de ton seigneur ? C’est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie ici-bas et qui les avons élevés les uns sur les autres de certains degrés afin que les uns soumettent au service des autres (les uns astreignent les autres à leur service). La miséricorde de ton seigneur est bien meilleur que ce qu’ils amassent »[2]
« Aidez vous les uns les autres à l’accomplissement du bien et de la piété et ne vous entraidez pas à commettre le péché et l’agression »[3]
« Obéissez à Dieu et à Son messager et ne vous disputez point sinon vous perdriez courage et votre ardeur s’en irait à jamais.Soyez patients, Dieu est certes avec ceux qui patientent »[4]
« Il fit régner la concorde (concilier) entre leurs cœurs. Si tu avais dépensé tout l’argent de la terre, tu n’aurais pas pu la faire régner entre leurs cœurs, mais Dieu la fit régner entre eux-mêmes. Il est certes Puissant et Sage. »[5]
« Dis à Mes esclaves de tenir le langage le plus doux car le Diable plante les aiguillons de la haine entre eux. Le Diable sera toujours pour l’Homme un ennemi évident »[6]
Nos maîtres disaient :
« Celui qui croit qu’il possède ou qu’il est dans la vérité absolue ne peut être que dans l’erreur car la vérité absolue c’est Allah seul et tant qu’on ne reconnaît pas l’autre, on reste dans l’aveuglement et l’ignorance : on ne peut juger les gens tant qu’on ne sait pas comment ils vont finir (leur dénouement) »
« Les actes ne valent que par le dénouement final (al-khawâtim)»[7]
« La pire chose dans la religion est la divergence qui engendre la dispute, la haine, la discorde et la division, la différence doit nous amener à se connaître, se respecter, à s’enrichir les uns des autres, s’entraider et à s’aimer : cela ne peut se réaliser sans un travail sur soi et beaucoup de patience et de sagesse»
La différence[8] vue par l’exégèse coranique : (selon le maître soufi et savant : Ibn ‘Ajîba Al-hasanî) :
Dieu dit : Sourate II, verset 135 : « Ils dirent :« Soyez Juifs ou chrétiens et vous serez sur la bonne voie ». Dis : « plutôt communauté (ou voie religieuse) d’Abraham, pur monothéiste et n’ayant jamais appartenu aux associateurs (les polythéistes) » »
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî dit à propos de ce verset dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :[9]
« Ce type de réaction existe malheureusement chez quelques appartenant au soufisme (et des mouvances islamiques)[10] aussi, ils incitent les gens à adopter leur voie (Tarîqa) en insultant et en jugeant les voies des autres. Ceci est un mauvais comportement (indigne des vrais soufis). Ce qu’il faut à chacun, c’est de voir avec l’œil du cœur, si on trouve celui qui guide vers Dieu, qui est absent de ce qui n’est pas de Dieu, dont l’état stimule et dont la parole guide vers Dieu : il faut le suivre, lui baisser la tête (se soumettre à sa volonté) et entrer dans sa voie où qu’il soit et qui il soit.
Les gens de Dieu ne s’attachent jamais aux gens (aux affluences, aux foules) et s’abstiennent même de rencontrer les gens…Mais ceux qui viennent vers eux, ils les font parvenir à Dieu, ceux qu’ils rencontrent, ils les conseillent en Dieu. Ils sont sur les traces du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui). « Tu ne peux obliger (contraindre) les gens à croire »[11]
Le Prophète (paix et salut sur lui) guidait vers Dieu et attendait (voyait) après ce que Dieu fera…. »
Dieu dit dans la Sourate II verset 213 :
« Les gens formaient une seule communauté. Dieu envoya alors les Prophètes comme porteurs de bonne nouvelle et comme avertisseurs. Il fit descendre avec eux le Livre en toute vérité et justice, afin qu’il soit arbitre entre eux dans leurs sujets de désaccord. Seuls furent en désaccord à son sujet ceux là même à qui il a été apporté, après avoir reçu les preuves évidentes à cause de l’injustice qui régnait entre eux. Dieu guida avec Sa permission ceux qui avaient cru vers cette partie de la vérité qui faisait l’objet de leur désaccord. Dieu guide qui Il veut sur une voie rectiligne. »
Le bienfait de Dieu sur les hommes réside dans les livres qu’Il leur a fait descendre pour les sauver de l’erreur et pour les mettre sur la voie du salut, de l’amour et de la paix. Mais on a préféré dénaturer le Livre en en taisant une partie et en lui ajoutant des choses qui ne sont pas de lui (le cas des juifs et des chrétiens).
L’histoire révèle que le Pentateuque ou Torah qui est le livre reçu par Moïse a été brûlé par les armées de Nabuchodonosor après la prise de Jérusalem (586 av.J.C). Les juifs ont été amenés comme esclaves à Babylone et ne seront libérés et ramenés en Palestine que quelques décades plus tard par le roi des Perses Cyrus.
Le Christianisme souffrira aussi de la dénaturation et de la falsification à cause des moines qui préféraient l’argent et l’éclat de ce bas monde à la Vérité. Ils ont caché la vérité (c’est le sens du verbe Kafara dans le Coran) après avoir reçu la science.
Après le déluge, Noé (paix et salut sur lui) s’arrête avec son arche et le peu de fidèles, d’animaux et de créatures par couple qui l’ont suivi, sur la montagne d’Al-jûdiyy (la seule montagne qui est restée humble et n’a pas succombé à l’orgueil quand les montagnes ont su que le deuxième père de l’humanité allait jeter l’ancre auprès d’une montagne : cette petite montagne est situé- selon quelques historiens- à Al-mûsil en Iraq) :
Tous les gens à l’époque étaient musulmans, monothéistes et parlaient une seule langue, et Dieu a voulu ensuite que ces gens divergent : 70 langues émergèrent alors :
« Parmi Ses signes est la création des cieux et de la terre et la diversité de vos langues et de vos couleurs. Il y a en cela des signes certains pour les gens qui savent »[12].
Depuis Noé (paix et salut sur lui) beaucoup de gens oublient Dieu sous l’emprise de Satan et de l’âme et ses penchants vers les biens de ce bas monde.
C’est pour cela que Dieu a envoyé les messagers et qu’Il envoie après le dernier messager Muhammad (paix et salut sur lui) à la tête de chaque siècle, un connaisseur en Dieu qui guide et rappelle les gens pour qu’ils reviennent à Lui et honorent le pacte initiatique établi avec Lui avant la création de ce monde.
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî ajoute à propos du verset 213 de la Sourate II (cité) dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :
«A l’origine, tous les esprits était dans l’accord et la soumission. Le désaccord, l’ingratitude et le refus sont nés chez les esprits après qu’ils aient franchis le monde sensible, et après leur descente du monde des esprits. Dieu a envoyé les Messagers pour rappeler aux gens le pacte ancien. Celui à qui Dieu avait prescrit le bonheur éternel, celui là reconnaît, obéit et se soumet (à Dieu). Celui à qui Dieu a prescrit le malheur ne reconnaît pas la Vérité. C’est pour cela que le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Chaque nouveau né est né avec la nature primordiale (la foi et l’unicité), après c’est les parents qui le transforme en juif ou chrétien ou Mazdéistes (adorateurs du feu) ». Ensuite, Dieu a envoyé les sages qui sont les connaisseurs de Dieu qui guérissent l’ignorance des esprits et leurs refus. Celui à qui Dieu veut du bien, croit en eux, les suit, leur obéit et se soumet totalement à eux. Ainsi, il pourra accéder à la présence de Son Seigneur et réaliser le meilleur des vœux. Celui à qui Dieu avait prescrit la privation et l’éloignement de Sa grâce et Sa miséricorde : ne les croira jamais et restera avec un cœur dans le doute et l’amertume.
Ce refus et cette ingratitude sont le fait en générale des gens qui aiment le pouvoir et l’orgueil, ou ceux qui sont les esclaves de ce bas monde et de leurs passions : ceux-ci refusent la Vérité par injustice et par jalousie ou par orgueil. Dieu a guidé donc les gens de bonnes natures et de bonnes intentions : « Dieu guida avec Sa permission ceux qui avaient cru vers cette partie de la vérité qui faisait l’objet de leur désaccord. » Ils ont ainsi atteint la reconnaissance et l’essence de la réalisation et c’est cela la voie vers la présence sacrée qui était la résidence des esprits sains, c’est de là qu’ils viennent et c’est là qu’ils retourneront. Le poète soufi Ibn-banna dit :
« Cette vérité de l’âme est liée à la présence sacrée
Ce qui lui fait obstacle ce sont les choses acquises (dans ce monde) et c’est à partir de ces choses aussi que commencent l’éveil et le réveil ».
Dieu dit dans la Sourate Hûd verset 118 et 119 :
« Si ton Seigneur voulait, Il ferait de tous les hommes une seule nation et ils ne cesseraient (quand même) pas d’être en désaccord, sauf ceux que ton Seigneur a touchés de Sa grâce. Et c’est bien pour cela qu’Il les a créés. Ainsi s’est accomplie la parole (l’arrêt) de ton Seigneur : « assurément Je remplirai l’Enfer des génies et des humains tous ensemble » »
Dieu nous dit dans le verset 2 du chapitre 76 (l’Homme) :
« Nous avons créé l’Homme à partir d’une goutte de liquide hétérogène.. ». Ce monde est donc marqué par la dualité, puisque tous les êtres créés ne sont que des éléments de couples, ainsi que par l’hétérogénéité. Ce sont là les deux signes de la faiblesse et de la dépendance des habitants de ce monde éphémère et c’est aussi pour cela qu’ils doivent se respecter et s’entraider pour se compléter.
Cette hétérogénéité se reflète sur les façons de penser et de croire des hommes et c’est de la confrontation de ces différentes pensées et croyances que s’enrichissent l’univers, se diversifient les courants et que les bons se distinguent des mauvais.
Ces divergences imposent le respect mutuel pour que la vie sur cette terre continue.
Dieu dit à ce propos dans la Sourate Al-Hadjj verset 40:
« Si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres on aurait assurément démoli bien des monastères, des églises, des synagogues et des mosquées où l’on prononce (invoque) beaucoup le Nom de Dieu »
Dans l’autre monde une partie va au Paradis et une autre en Enfer. Telle fut la volonté sempiternelle de Dieu avant même qu’Il n’ait créé le monde.
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî ajoute à propos du verset 118 et 119 de la Sourate Hûd dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :
« Dieu a voulu manifesté le sens de ses Attributs dans le monde des phénomènes (le monde sensible) : c’est pour cela que ses deux attributs : ARRAHÎM et AL-KARÎM (Le Miséricordieux et le Généreux) prouvent et obligent qu’il existe ceux qui méritent la miséricorde et la générosité de Dieu ce sont les gens de la foi.
Ses deux attributs : AL-MUNTAQIM et AL-QAHHÂR (le Vengeur et le Dompteur au dessus de Ses esclaves) établissent qu’il existe ceux qui méritent la vengeance et la puissance, ce sont les mécréants et les gens de la désobéissance et (de l’injustice).
Le désaccord entre les gens est un décret divin inéluctable. Il peut être entre les gens de la vérité et les gens du mensonge. Cette communauté (musulmane) a divergé aussi dans les piliers de la religion et dans les branches et les détails. Quant aux piliers de la religion, tous les gens de l’unicité de la preuve ont divergé à ce sujet. En ce qui concerne les attributs de Dieu, on trouve la divergence entre les groupes égarés : les Muatazilites, les Qadariyya (qui prétendent que le destin est le seul responsable de nos actes et que personnes ne pourra donc être jugé !!), les Jahmiyya, les Jabriyya (qui croient que l’être humain n’a aucune volonté, tout comme l’animal ou le végétal), et les gens de la sunna (Ahlu as-sunna wa ljamâ‘a).
Quant aux détails de la religion et aux branches, les désaccords sont là depuis le début de l’Islam (douze doctrines ont émergé au début de l’Islam, les quatre doctrines par exemple sont le fruit des interprétations correctes et bien fondées de la tradition).
Tu ne peux trouver une science sans qu’il y ait désaccord et différence d’opinions entre les savants et les spécialistes de cette science. Sauf les gens de l’unicité spéciale qui sont les réalisés parmi les soufis : ils s’accordent tous dans les états spirituelles et les goûts. Bien que leur voie et leur façon de cheminer soient différentes, ils s’accordent tous dans les finalités et les fins : la connaissance de la vision contemplative, et la vision oculaire (certaine) (‘Iyân), par la voie des goûts et des sens (La voie du coeur).
Le poète soufi Ibn al-banna dit :
« Les doctrines des gens sont dans des différences et la doctrine des soufis est dans la conciliation et l’harmonie (avec le Seigneur) »
Ceci n’empêche pas que les soufis se conseillent mutuellement.
Quant à la parole du Prophète (paix et salut sur lui) : « La différence de ma communauté est une miséricorde » [13] il veut dire par là la différence d’opinions dans les branches de cette religion (traduite par les doctrines) et non pas dans les piliers (comme le dogme …).
Le désaccord dans les branches de cette religion (qui se traduit par les doctrines) est licite : car celui qui suit un savant de la religion (‘âlim), Dieu ne lui reprochera rien le jour du jugement[14]. »
[1] Coran : Verset 13 de la Sourate 49 (les chambres).
[2] Verset 32 de la Sourate 43 (Le décor).
[3] Verset 2, Sourate 5.
[4] Verset 46 Sourate 8.
[5] Verset 63 de la Sourate 8.
[6] Verset 53, Sourate 17 (le voyage nocturne).
[7] Le prophète (paix et salut sur lui) dit :
« La formation de quiconque d'entre vous, dans la matrice de sa mère, passe par une série de stade:il est pendant quarante jours sous forme liquide. En quarante autres jours, il se transforme en élément qui s'accroche. Il devient un morceau de chair pendant les quarante jours qui suivent. A ce stade, Dieu lui envoie un ange qui lui insuffle la vie, sous son ordre, et lui assigne quatre formules:ce qu'il doit acquérir, la durée de sa vie, ses actes, sa future résidence : au Paradis ou Enfer. J'en jure par Allah, que l'un de vous suit une conduite qui le mène directement au Paradis, à peine lui reste t'il une coudée pour l'atteindre que la prédestination le fait changer de conduite, et il se verra mené droit à l'Enfer.
Par contre, il y en a qui mène une conduite de damné. A peine lui reste t'il une coudée pour être à l'Enfer que sa prédestination le fait changer, et le voilà reçu au Paradis. » (Rapporté par An-nawawî dans ses quarante hadîth.)
[8] La différence selon les soufis est le signe de la sagesse et de la puissance divine : car sans la laideur, comment reconnaître la beauté, et sans le mal et ses méfaits, comment apprécier le bien…C’est la volonté de Dieu.
Cette différence impose le respect de toute chose créée, sans la juger. Le non-jugement ne s’oppose pas au fait que l’homme raisonnable doit chercher le bien (et les gens du bien) et éviter le mal et ses adeptes. Le respect de l’autre et le non-jugement ne doivent pas impliquer non plus une passivité ni l'abondon du bon conseil avec ses convenances.
[9] « Al bahr al madîd fî tafsîr al qurân almajîd » : auteur : le maître soufi : Ibn ‘Ajîba Alhasanî : édition : Muhammad ‘Ali Bîdûne, Dâr Al-kutub al-‘ilmiyya : Beyrouth, Liban : Tome I, p 144.
[10] Ajout de notre part.
[11] Coran : Sourate 10, verset : 99 : « Si ton Seigneur l’avait voulu, les habitants de la terre auraient crus tous autant qu’ils étaient. Est-ce donc que tu contraindrais les gens jusqu’à ce qu’ils deviennent croyants ?! Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission de Dieu et Il place le supplice infamant sur ceux qui ne raisonnent point ».
[12] Coran, Sourate 30 (arrûm), verset 22.
[13] A propos de ce Hadîth voir: "Al-jâmi' li ahkâmi al-qurân" d'Al-qurtubî; tome 4 page 151 et As-sayûtî dans al-jâmi' as-saghîr(288) page 24: où ce hadîth est bien expliqué.
[14] Voir le chapitre « suivre une doctrine ».
« O Humains ! Nous vous avons créés à partir d’un mâle et d’une femelle et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous connaissiez entre vous. Le plus noble d’entre vous pour Dieu est le plus pieux. Dieu est parfaitement sachant et bien informé. »[1]
« Sont-ils donc eux qui répartissent la miséricorde de ton seigneur ? C’est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie ici-bas et qui les avons élevés les uns sur les autres de certains degrés afin que les uns soumettent au service des autres (les uns astreignent les autres à leur service). La miséricorde de ton seigneur est bien meilleur que ce qu’ils amassent »[2]
« Aidez vous les uns les autres à l’accomplissement du bien et de la piété et ne vous entraidez pas à commettre le péché et l’agression »[3]
« Obéissez à Dieu et à Son messager et ne vous disputez point sinon vous perdriez courage et votre ardeur s’en irait à jamais.Soyez patients, Dieu est certes avec ceux qui patientent »[4]
« Il fit régner la concorde (concilier) entre leurs cœurs. Si tu avais dépensé tout l’argent de la terre, tu n’aurais pas pu la faire régner entre leurs cœurs, mais Dieu la fit régner entre eux-mêmes. Il est certes Puissant et Sage. »[5]
« Dis à Mes esclaves de tenir le langage le plus doux car le Diable plante les aiguillons de la haine entre eux. Le Diable sera toujours pour l’Homme un ennemi évident »[6]
Nos maîtres disaient :
« Celui qui croit qu’il possède ou qu’il est dans la vérité absolue ne peut être que dans l’erreur car la vérité absolue c’est Allah seul et tant qu’on ne reconnaît pas l’autre, on reste dans l’aveuglement et l’ignorance : on ne peut juger les gens tant qu’on ne sait pas comment ils vont finir (leur dénouement) »
« Les actes ne valent que par le dénouement final (al-khawâtim)»[7]
« La pire chose dans la religion est la divergence qui engendre la dispute, la haine, la discorde et la division, la différence doit nous amener à se connaître, se respecter, à s’enrichir les uns des autres, s’entraider et à s’aimer : cela ne peut se réaliser sans un travail sur soi et beaucoup de patience et de sagesse»
La différence[8] vue par l’exégèse coranique : (selon le maître soufi et savant : Ibn ‘Ajîba Al-hasanî) :
Dieu dit : Sourate II, verset 135 : « Ils dirent :« Soyez Juifs ou chrétiens et vous serez sur la bonne voie ». Dis : « plutôt communauté (ou voie religieuse) d’Abraham, pur monothéiste et n’ayant jamais appartenu aux associateurs (les polythéistes) » »
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî dit à propos de ce verset dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :[9]
« Ce type de réaction existe malheureusement chez quelques appartenant au soufisme (et des mouvances islamiques)[10] aussi, ils incitent les gens à adopter leur voie (Tarîqa) en insultant et en jugeant les voies des autres. Ceci est un mauvais comportement (indigne des vrais soufis). Ce qu’il faut à chacun, c’est de voir avec l’œil du cœur, si on trouve celui qui guide vers Dieu, qui est absent de ce qui n’est pas de Dieu, dont l’état stimule et dont la parole guide vers Dieu : il faut le suivre, lui baisser la tête (se soumettre à sa volonté) et entrer dans sa voie où qu’il soit et qui il soit.
Les gens de Dieu ne s’attachent jamais aux gens (aux affluences, aux foules) et s’abstiennent même de rencontrer les gens…Mais ceux qui viennent vers eux, ils les font parvenir à Dieu, ceux qu’ils rencontrent, ils les conseillent en Dieu. Ils sont sur les traces du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui). « Tu ne peux obliger (contraindre) les gens à croire »[11]
Le Prophète (paix et salut sur lui) guidait vers Dieu et attendait (voyait) après ce que Dieu fera…. »
Dieu dit dans la Sourate II verset 213 :
« Les gens formaient une seule communauté. Dieu envoya alors les Prophètes comme porteurs de bonne nouvelle et comme avertisseurs. Il fit descendre avec eux le Livre en toute vérité et justice, afin qu’il soit arbitre entre eux dans leurs sujets de désaccord. Seuls furent en désaccord à son sujet ceux là même à qui il a été apporté, après avoir reçu les preuves évidentes à cause de l’injustice qui régnait entre eux. Dieu guida avec Sa permission ceux qui avaient cru vers cette partie de la vérité qui faisait l’objet de leur désaccord. Dieu guide qui Il veut sur une voie rectiligne. »
Le bienfait de Dieu sur les hommes réside dans les livres qu’Il leur a fait descendre pour les sauver de l’erreur et pour les mettre sur la voie du salut, de l’amour et de la paix. Mais on a préféré dénaturer le Livre en en taisant une partie et en lui ajoutant des choses qui ne sont pas de lui (le cas des juifs et des chrétiens).
L’histoire révèle que le Pentateuque ou Torah qui est le livre reçu par Moïse a été brûlé par les armées de Nabuchodonosor après la prise de Jérusalem (586 av.J.C). Les juifs ont été amenés comme esclaves à Babylone et ne seront libérés et ramenés en Palestine que quelques décades plus tard par le roi des Perses Cyrus.
Le Christianisme souffrira aussi de la dénaturation et de la falsification à cause des moines qui préféraient l’argent et l’éclat de ce bas monde à la Vérité. Ils ont caché la vérité (c’est le sens du verbe Kafara dans le Coran) après avoir reçu la science.
Après le déluge, Noé (paix et salut sur lui) s’arrête avec son arche et le peu de fidèles, d’animaux et de créatures par couple qui l’ont suivi, sur la montagne d’Al-jûdiyy (la seule montagne qui est restée humble et n’a pas succombé à l’orgueil quand les montagnes ont su que le deuxième père de l’humanité allait jeter l’ancre auprès d’une montagne : cette petite montagne est situé- selon quelques historiens- à Al-mûsil en Iraq) :
Tous les gens à l’époque étaient musulmans, monothéistes et parlaient une seule langue, et Dieu a voulu ensuite que ces gens divergent : 70 langues émergèrent alors :
« Parmi Ses signes est la création des cieux et de la terre et la diversité de vos langues et de vos couleurs. Il y a en cela des signes certains pour les gens qui savent »[12].
Depuis Noé (paix et salut sur lui) beaucoup de gens oublient Dieu sous l’emprise de Satan et de l’âme et ses penchants vers les biens de ce bas monde.
C’est pour cela que Dieu a envoyé les messagers et qu’Il envoie après le dernier messager Muhammad (paix et salut sur lui) à la tête de chaque siècle, un connaisseur en Dieu qui guide et rappelle les gens pour qu’ils reviennent à Lui et honorent le pacte initiatique établi avec Lui avant la création de ce monde.
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî ajoute à propos du verset 213 de la Sourate II (cité) dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :
«A l’origine, tous les esprits était dans l’accord et la soumission. Le désaccord, l’ingratitude et le refus sont nés chez les esprits après qu’ils aient franchis le monde sensible, et après leur descente du monde des esprits. Dieu a envoyé les Messagers pour rappeler aux gens le pacte ancien. Celui à qui Dieu avait prescrit le bonheur éternel, celui là reconnaît, obéit et se soumet (à Dieu). Celui à qui Dieu a prescrit le malheur ne reconnaît pas la Vérité. C’est pour cela que le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Chaque nouveau né est né avec la nature primordiale (la foi et l’unicité), après c’est les parents qui le transforme en juif ou chrétien ou Mazdéistes (adorateurs du feu) ». Ensuite, Dieu a envoyé les sages qui sont les connaisseurs de Dieu qui guérissent l’ignorance des esprits et leurs refus. Celui à qui Dieu veut du bien, croit en eux, les suit, leur obéit et se soumet totalement à eux. Ainsi, il pourra accéder à la présence de Son Seigneur et réaliser le meilleur des vœux. Celui à qui Dieu avait prescrit la privation et l’éloignement de Sa grâce et Sa miséricorde : ne les croira jamais et restera avec un cœur dans le doute et l’amertume.
Ce refus et cette ingratitude sont le fait en générale des gens qui aiment le pouvoir et l’orgueil, ou ceux qui sont les esclaves de ce bas monde et de leurs passions : ceux-ci refusent la Vérité par injustice et par jalousie ou par orgueil. Dieu a guidé donc les gens de bonnes natures et de bonnes intentions : « Dieu guida avec Sa permission ceux qui avaient cru vers cette partie de la vérité qui faisait l’objet de leur désaccord. » Ils ont ainsi atteint la reconnaissance et l’essence de la réalisation et c’est cela la voie vers la présence sacrée qui était la résidence des esprits sains, c’est de là qu’ils viennent et c’est là qu’ils retourneront. Le poète soufi Ibn-banna dit :
« Cette vérité de l’âme est liée à la présence sacrée
Ce qui lui fait obstacle ce sont les choses acquises (dans ce monde) et c’est à partir de ces choses aussi que commencent l’éveil et le réveil ».
Dieu dit dans la Sourate Hûd verset 118 et 119 :
« Si ton Seigneur voulait, Il ferait de tous les hommes une seule nation et ils ne cesseraient (quand même) pas d’être en désaccord, sauf ceux que ton Seigneur a touchés de Sa grâce. Et c’est bien pour cela qu’Il les a créés. Ainsi s’est accomplie la parole (l’arrêt) de ton Seigneur : « assurément Je remplirai l’Enfer des génies et des humains tous ensemble » »
Dieu nous dit dans le verset 2 du chapitre 76 (l’Homme) :
« Nous avons créé l’Homme à partir d’une goutte de liquide hétérogène.. ». Ce monde est donc marqué par la dualité, puisque tous les êtres créés ne sont que des éléments de couples, ainsi que par l’hétérogénéité. Ce sont là les deux signes de la faiblesse et de la dépendance des habitants de ce monde éphémère et c’est aussi pour cela qu’ils doivent se respecter et s’entraider pour se compléter.
Cette hétérogénéité se reflète sur les façons de penser et de croire des hommes et c’est de la confrontation de ces différentes pensées et croyances que s’enrichissent l’univers, se diversifient les courants et que les bons se distinguent des mauvais.
Ces divergences imposent le respect mutuel pour que la vie sur cette terre continue.
Dieu dit à ce propos dans la Sourate Al-Hadjj verset 40:
« Si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres on aurait assurément démoli bien des monastères, des églises, des synagogues et des mosquées où l’on prononce (invoque) beaucoup le Nom de Dieu »
Dans l’autre monde une partie va au Paradis et une autre en Enfer. Telle fut la volonté sempiternelle de Dieu avant même qu’Il n’ait créé le monde.
Sidi Ibn ‘Ajîba al-hasanî ajoute à propos du verset 118 et 119 de la Sourate Hûd dans son livre (Al bahr Al madîd fî tafsîr al qurân al majîd) :
« Dieu a voulu manifesté le sens de ses Attributs dans le monde des phénomènes (le monde sensible) : c’est pour cela que ses deux attributs : ARRAHÎM et AL-KARÎM (Le Miséricordieux et le Généreux) prouvent et obligent qu’il existe ceux qui méritent la miséricorde et la générosité de Dieu ce sont les gens de la foi.
Ses deux attributs : AL-MUNTAQIM et AL-QAHHÂR (le Vengeur et le Dompteur au dessus de Ses esclaves) établissent qu’il existe ceux qui méritent la vengeance et la puissance, ce sont les mécréants et les gens de la désobéissance et (de l’injustice).
Le désaccord entre les gens est un décret divin inéluctable. Il peut être entre les gens de la vérité et les gens du mensonge. Cette communauté (musulmane) a divergé aussi dans les piliers de la religion et dans les branches et les détails. Quant aux piliers de la religion, tous les gens de l’unicité de la preuve ont divergé à ce sujet. En ce qui concerne les attributs de Dieu, on trouve la divergence entre les groupes égarés : les Muatazilites, les Qadariyya (qui prétendent que le destin est le seul responsable de nos actes et que personnes ne pourra donc être jugé !!), les Jahmiyya, les Jabriyya (qui croient que l’être humain n’a aucune volonté, tout comme l’animal ou le végétal), et les gens de la sunna (Ahlu as-sunna wa ljamâ‘a).
Quant aux détails de la religion et aux branches, les désaccords sont là depuis le début de l’Islam (douze doctrines ont émergé au début de l’Islam, les quatre doctrines par exemple sont le fruit des interprétations correctes et bien fondées de la tradition).
Tu ne peux trouver une science sans qu’il y ait désaccord et différence d’opinions entre les savants et les spécialistes de cette science. Sauf les gens de l’unicité spéciale qui sont les réalisés parmi les soufis : ils s’accordent tous dans les états spirituelles et les goûts. Bien que leur voie et leur façon de cheminer soient différentes, ils s’accordent tous dans les finalités et les fins : la connaissance de la vision contemplative, et la vision oculaire (certaine) (‘Iyân), par la voie des goûts et des sens (La voie du coeur).
Le poète soufi Ibn al-banna dit :
« Les doctrines des gens sont dans des différences et la doctrine des soufis est dans la conciliation et l’harmonie (avec le Seigneur) »
Ceci n’empêche pas que les soufis se conseillent mutuellement.
Quant à la parole du Prophète (paix et salut sur lui) : « La différence de ma communauté est une miséricorde » [13] il veut dire par là la différence d’opinions dans les branches de cette religion (traduite par les doctrines) et non pas dans les piliers (comme le dogme …).
Le désaccord dans les branches de cette religion (qui se traduit par les doctrines) est licite : car celui qui suit un savant de la religion (‘âlim), Dieu ne lui reprochera rien le jour du jugement[14]. »
[1] Coran : Verset 13 de la Sourate 49 (les chambres).
[2] Verset 32 de la Sourate 43 (Le décor).
[3] Verset 2, Sourate 5.
[4] Verset 46 Sourate 8.
[5] Verset 63 de la Sourate 8.
[6] Verset 53, Sourate 17 (le voyage nocturne).
[7] Le prophète (paix et salut sur lui) dit :
« La formation de quiconque d'entre vous, dans la matrice de sa mère, passe par une série de stade:il est pendant quarante jours sous forme liquide. En quarante autres jours, il se transforme en élément qui s'accroche. Il devient un morceau de chair pendant les quarante jours qui suivent. A ce stade, Dieu lui envoie un ange qui lui insuffle la vie, sous son ordre, et lui assigne quatre formules:ce qu'il doit acquérir, la durée de sa vie, ses actes, sa future résidence : au Paradis ou Enfer. J'en jure par Allah, que l'un de vous suit une conduite qui le mène directement au Paradis, à peine lui reste t'il une coudée pour l'atteindre que la prédestination le fait changer de conduite, et il se verra mené droit à l'Enfer.
Par contre, il y en a qui mène une conduite de damné. A peine lui reste t'il une coudée pour être à l'Enfer que sa prédestination le fait changer, et le voilà reçu au Paradis. » (Rapporté par An-nawawî dans ses quarante hadîth.)
[8] La différence selon les soufis est le signe de la sagesse et de la puissance divine : car sans la laideur, comment reconnaître la beauté, et sans le mal et ses méfaits, comment apprécier le bien…C’est la volonté de Dieu.
Cette différence impose le respect de toute chose créée, sans la juger. Le non-jugement ne s’oppose pas au fait que l’homme raisonnable doit chercher le bien (et les gens du bien) et éviter le mal et ses adeptes. Le respect de l’autre et le non-jugement ne doivent pas impliquer non plus une passivité ni l'abondon du bon conseil avec ses convenances.
[9] « Al bahr al madîd fî tafsîr al qurân almajîd » : auteur : le maître soufi : Ibn ‘Ajîba Alhasanî : édition : Muhammad ‘Ali Bîdûne, Dâr Al-kutub al-‘ilmiyya : Beyrouth, Liban : Tome I, p 144.
[10] Ajout de notre part.
[11] Coran : Sourate 10, verset : 99 : « Si ton Seigneur l’avait voulu, les habitants de la terre auraient crus tous autant qu’ils étaient. Est-ce donc que tu contraindrais les gens jusqu’à ce qu’ils deviennent croyants ?! Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission de Dieu et Il place le supplice infamant sur ceux qui ne raisonnent point ».
[12] Coran, Sourate 30 (arrûm), verset 22.
[13] A propos de ce Hadîth voir: "Al-jâmi' li ahkâmi al-qurân" d'Al-qurtubî; tome 4 page 151 et As-sayûtî dans al-jâmi' as-saghîr(288) page 24: où ce hadîth est bien expliqué.
[14] Voir le chapitre « suivre une doctrine ».