Tiré du livre à paraître sur la jurispridence des minorités en Europe:
Question :
Si la femme qui s'est convertie à l'Islam éprouve une gêne et des difficultés à porter le voile légal (le foulard), doit-on l'obliger à le faire et insister, même si cela doit la mener (peut-être) à s'éloigner définitivement de l'Islam ?
Réponse :
En générale : nous sommes tenus de convaincre(informer) (de la façon la plus douce et convenable) la musulmane que le fait de se couvrir est une obligation religieuse, que Dieu le Très Haut ainsi que son Envoyé (paix et salut sur lui) ont ordonnée et qui a fait l'objet d'un consensus de la communauté.
On a déjà évoqué ce qu'est la 'Awra d'une femme pour les 4 écoles et pour tous les savants musulmans : ceci en considérant l'interprétation des versets ci-dessous et les hadîths et aussi la pratique de nos pieux prédécesseurs.
Après: Il est évident que chacun est libre de choisir sa voie ( Allah dit dans le Coran:
nulle contrainte dans la religion )
Dieu le Très-Haut dit :
« Dis aux croyantes de baisser les yeux (devant ce qu'il leur est interdit de regarder), de sauvegarder leurs sexes (de tout rapport illicite),
de ne pas exhiber leurs atours hormis ce qui est visible. Qu'elles rabattent leurs voiles sur leurs poitrines. » Coran 24/31
Dieu (gloire à Lui ) dit aussi:
« Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants
de ramener leurs voiles sur elles. Ce sera pour elles le moyen le plus commode de se faire connaître et de ne pas être offensées (dans la rue). » Coran 33/59
C'était aussi la pratique des compagnons, de leurs suivants et des gens de Médine, des premières générations de musulmanes jusqu'à ce que les pressions politiques et les mouvements féministes s'en mêlent de nos jours.
Le voile n'a strictement rien à voir avec l'autorité masculine ! Car en Islam le législateur c'est Allah et non les hommes.
Le voile était aussi une obligation dans les anciens textes du christianisme et du judaisme.
Le voile ne compromet en rien ni l'intégration de la femme ni la modernité.
Dieu a prescrit cette tenue pudique et ce foulard pour la musulmane afin qu'elle puisse être distinguée de la non-musulmane et de la non-pratiquante et afin de l'honorer car ce qui est important(et à mettre en valeur) ce n'est pas le corps
mais le coeur et sa piété. Ainsi, par sa tenue, elle donnera l'image de la femme sérieuse et honnête, qui n'est ni une séductrice ni une tentatrice : ni par ses paroles ni par un mouvement quelconque de son corps, afin que celui dont le coeur est pervers ne puisse pas être tenté par elle.
Pour répondre donc à votre question:
Ce qu'on doit dire : c'est que les enseignements de l'Islam dés son avénement se caractérisaient par la sagesse et la pédagogie évolutive (al-marhaliyya): l'exemple évident du Coran par exemple qu'on peut citer: c'est l'abroger et l'abrogeant: comme le vin qui fut interdit par étape: car au début de l'Islam, des compagnons buvaient et le verset qui va interdire définitivement le vin (de la Sourate Al-mâida) et qui abroge les autres versets: n'a été révélé que quand la foi des musulmans est devenu plus solide et l'Islam plus fort (L'interdiction n'a pas été brusque et soudaine mais en respectant des étapes jusqu'à arriver au statut final et définitif de l'interdiction)...Idem pour le voile...Donc les prescriptions de Dieu étaient révélées (à cette époque) au fil de la pré-disposition de la société à recevoir et accepter facilement ces prescriptions et au fur et à mesure que l'Amour de Dieu et de Son envoyé augmentaient dans les coeurs et aussi au fur et à mesure que l'islam et sa société s'organisaient et se fortifiaient...
Donc on conseille de laisser le temps à cette femme pour bien comprendre la religion petit à petit et jusqu'à ce que sa foi augmente: donc commencer d'abord par lui apprendre les fondements de l'Islam (foi,prière, jeûne...) en utilisant la douceur et la sagesse.
Ensuite, il conviendra de l'entourer par des soeurs musulmanes pieuses et sages, afin qu'elle les prenne comme modèle, de même que nous devons la ménager et ne pas recourir à la violence ou à la sévérité. Car Dieu octroie par la délicatesse ce qu'on ne peut obtenir par la violence (comme a dit le prophète(paix et salut sur lui) dans le hadîth sahîh).
Bien que le port du foulard ou du hijab comme on l'appelle de nos jours soit une obligation pour la musulmane, il n'en reste pas moins qu'il n'est qu'une application de la religion et non l'un de ses fondements. Si la sévérité à ce propos ou le recours à la violence sont susceptibles de lui faire rejeter la religion dans son ensemble, il n'est pas permis par la loi musulmane de renoncer à un fondement pour une prescription.
Le principe des équivalences nous impose de nous taire devant ce travers, de peur de tomber dans un travers plus important. C'est là un principe connu et légalement admis.
D'autant plus que ce méfait, même s'il est illicite,
fait partie des péchés véniels (mineurs) et non majeurs, vu que la fornication (zinâ) est un péché plus grave que celui-ci, toutes ces choses interdites n'étant que de possibles étapes pouvant mener à un péché majeur. Le péché véniel peut être pardonné (objet de tolérance), alors que ce n'est pas le cas des péchés majeurs. Ainsi, Dieu le Très-Haut dit :
« Si vous évitez (de commettre) les péchés les plus graves, nous vous pardonnerons vos méfaits (véniels) et nous vous ferons entrer généreusement dans le Paradis. » Coran 4/31
Un problème se pose en Europe(France), celui du port du voile dans les établissements publics(école, ministère..) : on peut tolérer à la femme d'ôter son foulard si cela menace son travail (si elle est obligée de travailler et ne peut faire autrement{1}) ou ses études et puis le remettre une fois à l'extérieur de l'établissement en question.
Voir aussi le lien suivant (sur le Forum: Fiqh pour les femmes):
http://www.doctrine-malikite.fr/index.php?action=forum&subaction=message&id_chambre=3395&id_sujet=40084
{1}par exemple la femme qui éléve seule ses enfants et n'a personne pour la prendre en charge.