Non cher frère,
car seul les savants (donc les doctrines) peuvent distinguer les Hadîth abrogés et abrogeants (nâsikh wa mansûkh) et ceux spécifiques à certains (ou à une situation particulière)de ceux qui concernent tout le monde.....Ceci sans parler des risques des mauvaises interpretations...Seuls les savants (qui ont atteint le degré de l'Ijtihâd absolu) peuvent utiliser directement le Hadîth et le Coran pour statuer.
Dans le malikisme (qui est
une doctrine vivante) il y a toujours des savants qui comparent et étudient les preuves traditionnelles (en particulier le Sahîh Al-Bukhârî)pour actualiser notre doctrine et statuer sur les nouveaux sujets.
Voir pour comprendre ce point clé de notre religion:
voir absolument le chapitre:
http://www.doctrine-malikite.fr/index.php?action=rubrique&numrub=5
ainsi que la section:
Suivre une doctrine
Pour plus de clareté:
Dans le Sahîh Al-Bukhârî: vous pouvez trouver un Hadîth sur un sujet qui ne l'interdit pas puis un autre quelques pages plus tard qui l'interdit;
Et même dans le Coran: (voir le chapitre "Condition de la Fatwa") il y a le verset de la Sourate Al-baqara qui n'interdit pas le vin et puis plus tard vous avez le verset de la Sourate Al-mâida qui l'interdit fermement:
si la personne ne connaît pas An-nâsikh wa al-mansûkh (l'abrogé et l'abrogeant): et qu'il va lire que le premier: il dira moi je peux consommer le vin!!
et il va s'égarer et égarer ceux qui vont le suivre.
Idem pour le Hadîth sur les tombes: il y a un permier Hadîth qui interdit de les visiter puis un second qui dit: "je vous avais interdit de visiter les tombes, maintenant visitez les...."
Les ignorants qui ont lu seulement le permier Hadîth vont vous dire: c'est Haram.....!!!
Les exemples se multiplient...
Ou pour la question du sadl et du qabd: il y a des Hadîth dans Al-Bukhârî où on dit que le Prophète a fait le sadl et d'autres qui disent qu'il a fait le qabd (voir le post : Taawudh,basmala et position des mains).
Donc on doit comprendre que les deux versions sont possibles et respecter les avis divergeants sur la question...
En résumé, sans rentrer dans les détails:
Il faut laisser faire les savants et ne pas s'aventurer dans les domaines qu'on ne connaît pas!
Voici un extrait de la Fatwa du Sheikh mauritanien Murabtal Hadj sur le fait de suivre un des quatre Madhhabs (doctrine, école) autorisés (traduit par Hamza Yusuf Hanson) : Je réponds que le suivi d'une doctrine reconnue (taqlid) est obligatoire pour quiconque n'est pas un mujtahid absolu. Je vais mentionner, si Allah le permet, toutes les conditions préalables à un tel rang. [Sidi Abdullah Ould Hajj Ibrahim] a dit dans son Maraqi as-Sa'ud :
« [Le taqlid] est nécessaire pour tout autre que celui qui a atteint le rang de l'ijtihad absolu. Et ce, même s'il est un [mujtahid] limité qui est incapable [d'accomplir un ijtihâd absolu].»
Commentant ce passage, [Sidi ‘Abdullah] dit dans Nasru al-bunud : « Cela signifie que le taqlid est une obligation pour quiconque n'est pas un mujtahid absolu même s'il a atteint le rang partiel de l'ijtihâdmuqayyad (conditionné)… [Jusqu'à ce qu'il dise], « et demandez aux gens du rappel, si vous ne savez pas. » : Coran 16/43 »
Il a également dit : « [Quant à] la nécessité de s'attacher à un madhhab spécifique, les [savants] ont mentionné que cela est obligatoire pour quiconque présente un manque [dans les conditions de l'ijtihâd]. »
Il dit dans le Nashru al-bunud : « Cela signifie qu'il incombe à quiconque n'a pas atteint le degré de l'ijtihâd absolu de suivre un madhhab spécifique. »
Sidi Abdullah dit encore dans Maraqi as-Sa'ud: «
Le consensus aujourd'hui s'est établi sur les quatre, et tous ont interdit d'en suivre un quelconque autre».
Il dit dans Nashru al-bunnud : « Ceci signifie que le consensus des savants d'aujourd'hui est de dire qu'il y'a quatre écoles de pensées, et je réfère aux écoles de Mâlik, Abû Hanîfa, Shâfi‘î et Ahmad [ibn Hanbal]. En vérité, la totalité des savants ont interdit de suivre toute autre école d'un mujtahid absolu indépendant depuis le huitième siècle quand l'école de Dâwûd az-Zâhirî est morte, et ce jusqu'au 12 ème et les siècles suivants ... »
Dans le chapitre concernant le raisonnement par déduction dans le Maraqi as-sa'ud, [Sidi ‘Abdullah] dit : « Et quant à celui qui n'est pas un mujtahid, baser ses actions directement sur une preuve scripturaire première [Coran et hadîth] n'est pas admissible. »
Il dit dans Nashru al-bunnud : «
Cela signifie qu'il est interdit à quiconque n'est pas un mujtahid de baser ses actions directement sur un texte du Livre ou de la Sunna même si la transmission est authentique, à cause de la forte probabilité qu'il y ait d'autres considérations comme l'abrogation, la limitation, la spécificité à certaines situations, et d'autres facteurs de ce type que nul autre qu'un mujtahid ne peut complètement appréhender avec précision. Donc rien ne peut le protéger d'Allah Exalté à part suivre un mujtahid.
L'Imam al-Qarafi [Ahmad Ibn Idris Shihâbu ed-dîn as-Sanhaji al-Qarâfi al-Mâlikî est né en Egypte au septième siècle, et y est mort en 684. Il est l'un des plus grands savants Malékites qui n'aient jamais vécu et est tout spécialement connu pour son travail sur la méthodologie et la loi (usûl al-fiqh). Il était un maître en langue Arabe et a produit des travaux remarquables en grammaire. Son livre adh-Dhakhîra est un ouvrage magistral de 14 volumes publiés récemment aux Emirats qui examine le fiqh Malékite avec des preuves des sources de l'usûl (les piliers de la religion). Il est enterré à Qarâfi en Egypte près de l'Imâm ash-Shafi‘î. Qu'Allah leur fasse miséricorde à tout les deux.] a dit : ‘Et prenez garde à ne pas agir comme certains étudiants le font quand ils raisonnent directement a partir d'un hadîth, alors qu'ils ne savent même pas son authenticité, et laissant de coté ce qui a été mentionné [par les Imams] concernant les subtilités qu'ils impliquent ; en faisant cela, ils se sont égarés et ont égarés d'autres avec eux. Et quiconque interprète un verset ou un hadith d'une manière qui en change le sens originel, sans preuve [dalîl] est un kâfir (mécréant).' » Voir « Nashur al bunud ‘ala maraqi as-sa'ud, kitab al ijtihad fi al-furu'u » (1409 de l'hègire. Beyrut: Maktabat al-Kutub. p.309)
Quant aux conditions de l'ijtihâd absolu et indépendant, elles sont mentionnées dans le Maraqi as sa'ud :
« Le mujtahid doit être d'une extrême intelligence par nature, et il y'a désaccord au sujet de celui qui est connu pour rejeter le raisonnement par analogie [qiyâs] »
« Il doit connaître les responsabilités [juridiques] à travers des preuves intellectuelles sauf si une preuve clairement transmise indique le contraire (car toute chose est considérée comme licite tant qu'il n'existe pas de texte clair de la tradition qui prouve le contraire : là il faut utiliser les outils du droit musulman (qiyâs ou istihsân) par le mujtahid pour trancher) ».
« [Les sciences de la] grammaire, de la prosodie, de la philologie, combinées à celles de l'usul et de la rhétorique doivent être en sa maîtrise. »
« Selon les gens de la précision, [il doit savoir] où peuvent être trouvés les jugements sans la condition d'avoir mémorisés les textes eux-mêmes. »
« [Tout cela doit être appris] avec une maîtrise d'au moins un niveau moyen. Il doit également connaître les sujets sur lesquels il y'a consensus. »
« [De plus il doit connaître] des sujets plus pointus telles que la condition des hadîths uniques, et ce qui fait l'autorité d'un grand nombre de transmissions ; [la connaissance] de ce qui est authentique et de ce qui est faible est aussi requise. »
« La connaissance de ce qui a été abrogé et de ce qui abroge, de même que les contextes dans lesquels tel verset a été révélé ou tel hadîth transmis est également une condition qui doit être remplie. »
« Le statut des narrateurs ou des compagnons [doit aussi être connu]. Alors, tu peux suivre quiconque remplit les conditions mentionnées selon l'opinion la plus authentique. »