Le nouvel an islamique célèbre le départ (l’émigration) de Muhammad (paix et salut sur lui) de la Mecque pour Médine, en 622 (il y arriva au 3 éme mois Rabi’ al-awwal). Omar(RA) a instauré ce calendrier basé sur cet événement majeur (après concertation avec les compagnons).
Les musulmans en particulier et l’humanité en général ont beaucoup de leçons à tirer et à apprendre de cet événement historique majeur qui a changé le monde et permit la naissance du premier état musulman à Médine (l’Illuminée).
La patience et l’endurance du Prophète (paix et salut sur lui) et ses compagnons pour supporter tout le mal des Qurayshites à la Mecque pendant des années, ont eu comme dénouement, la permission de Dieu d’émigrer à Médine et toute la puissance et la victoire qui viendront par la suite :
Les premiers musulmans étaient très durement persécutés et torturés à la Mecque par la puissante tribu de Quraysh (qui voyait dans l’islam une menace pour sa notoriété et son commerce lié aux idoles). Les musulmans étaient alors peu nombreux et faibles en majorité, une grande partie d’entre eux étaient des esclaves. Incapables de repousser leurs persécuteurs, tout ce qu’ils pouvaient faire était de patienter jusqu’à ce que Dieu leur donne une autre issue.
La douzième année de la mission prophétique, douze hommes de la ville de Yathrib (l’ancien nom de Médine) se rendirent à la Mecque pendant la saison du pèlerinage et rencontrèrent le dernier Messager à l’endroit dit Al-`Aqabah. Ayant entendu son message, ils embrassèrent l’islam et déclarèrent leur foi lors du Premier Serment d’Al-`Aqabah. Le Prophète envoya Mus`ab Ibn `Umayr(que Dieu l’agrée) avec eux à Yathrib pour leur enseigner la religion. Mus`ab réussit à convertir beaucoup de gens à l’islam. L’année suivante, soixante-treize hommes et deux femmes de Yathrib se rendirent auprès du Prophète pendant le pèlerinage et lui prêtèrent allégeance, ce fut le Deuxième Serment d’Al-`Aqabah. Ils promirent de le protéger (soutenir) et d’aider les musulmans de la Mecque à se réinstaller dans leur ville.
Cette délégation constituait le noyau de musulmans qui reçurent par la suite le nom de Ansâr, littéralement les Auxiliaires ou les Secoureurs, des musulmans originaires de Yathrib (Médine).
Les musulmans quittèrent progressivement la Mecque, par petits groupes, pour ne pas attirer l’attention des Qurayshites. Finalement, les Qurayshites se rendirent compte de ce qui se passait et essayèrent d’empêcher nombre d’entre eux de partir. L’histoire relate de nombreux récits
à propos de ces hommes et de ces femmes qui abandonnèrent leurs maisons, leurs biens, et leurs familles pour avoir la possibilité de pratiquer librement (sans être inquiété) leur religion à Médine.
Ce fut seulement quelques mois plus tard que Dieu autorisa le Prophète - paix et bénédictions sur lui - à quitter la Mecque. Peu de temps avant son départ, Jibrîl (l’Ange Gabriel) informa Muhammad (paix et salut sur lui) que Quraysh complotait pour le poignarder dans son sommeil. La nuit où l’assassinat devait avoir lieu, son cousin `Alî Ibn Abî Tâlib se coucha dans le lit du Prophète : en effet, c'est à lui que l'Envoyé d'Allâh s'adressa pour qu'il prenne sa place la nuit où il quitta la Mecque pour se rendre à Médine en compagnie d'Abû Bakr le Véridique. Les qurayshites avaient préparé alors un complot pour assassiner le Prophète. Tous les clans de La Mecque devaient y participer. Comme la coutume arabe exigeait la réparation (remplacement) du sang par le sang, le meurtre fomenté par tous les clans rendait difficile toute vengeance pour la famille du Prophète à savoir les Banû Hashim (encore une idée maléfique d'Abû Jahl, un grand ennemie de l'Islam). Mais l'Ange révéla au Prophète et l'informa des intentions des idolâtres d'attenter à sa vie la nuit de son émigration. L'Envoyé d'Allah appela 'Ali et lui demanda de prendre sa place dans son lit et de se couvrir de son drap pour désorienter les comploteurs aux aguets devant sa porte.
'Ali accepta et fit ce que lui avait demandé le Prophète. Bien entendu, celui-ci savait que son cousin ne risquait rien, et ce fut pour 'Ali une occasion supplémentaire de prouver son attachement au Prophète. Comme convenu, il dormit dans son lit, se couvrit de son drap et leurra jusqu'au matin les comploteurs embusqués devant sa porte. Quant au Prophète, il sortit en toute sérénité de sa demeure, en récitant devant les exécutants endormis, le parole du Très-haut :
وَجَعَلْنَا مِن بَيْنِ أَيْدِيهِمْ سَدّاً وَمِنْ خَلْفِهِمْ سَدّاً فَأَغْشَيْنَاهُمْ فَهُمْ لاَ يُبْصِرُونَ
« …
Et Nous mettrons une barrière devant eux et une barrière derrière eux; Nous les recouvrirons d'un voile : et voilà qu'ils ne pourront rien voir… » Sourate 36, verset 9.
Lorsque l'aube se leva, les idolâtres embusqués se levèrent précipitamment et s'introduisirent dans la demeure du Prophète, croyant qu'il dormait encore. Ils virent effectivement un corps couché dans le lit couvert d'un drap. Ils découvrirent le corps et s'apprêtèrent à le transpercer avec leurs épées, lorsqu'ils s'arrêtèrent stupéfait, à la place du Prophète (paix et salut sur lui), il y avait son cousin 'Ali (que Dieu l’agrée).
L'Envoyé d'Allah(paix et salut sur lui) était, quant à lui, en route vers Médine, où les habitants de la ville et ses compagnons partis avant lui, l'attendaient. 'Ali devait le rejoindre quelques temps après, non sans avoir rendu à leurs propriétaires les biens qu'ils avaient laissés en dépôt chez le Prophète.
Avant, pendant et après l’émigration d’innombrables leçons de dévouement, d’amour inconditionné, de fraternité, de solidarité, de fidélité : peuvent être tirés et enseignés au monde…
Pendant l’épreuve de l’émigration vers Médine, en se réfugiant dans la grotte de Thawr avec son fidèle compagnon Abû Bakr surnommé le Véridique…
Le fidèle compagnon Abû Bakr (que Dieu l’agrée) était entré le premier par crainte que le Prophète soit mordu par les serpents et/ou les scorpions dans cette caverne déserte puis ensuite dans la caverne Abû Bakr inspecta les lieux et boucha toutes les cavités au risque de se faire mordre…
Abû Bakr (que Dieu l’agrée) fut piqué par un scorpion caché dans un trou, Abû Bakr -qui avait fait tout ce qu’il pouvait pour boucher les trous susceptibles d’abriter des serpents ou scorpions afin de protéger le bien aimé prophète- étouffa aussi sa douleur afin de ne pas déranger le Prophète qui dormait auprès de lui, mais il ne pu empêcher ses larmes de couler (sous le coup de la douleur de la piqûre). Ce ne fut que quand une larme tomba sur les joues du Prophète, qu’il se réveilla et vit son compagnon en larmes. Préoccupé, le Messager d’Allah lui demanda : « Qu’as-tu Abû Bakr ! » Il répondit : «
Ce n’est qu’une piqûre, ô Messager d’Allah, pour toi je sacrifierais père et mère. » Par le toucher de sa salive bénie, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — soigna son Compagnon de la piqûre du scorpion.... On raconte que le Prophète, demanda plus tard au scorpion : « Pourquoi as-tu piqué mon compagnon ? ». Il répondit : « Car il m’a empêché de voir ton [beau] visage... » [1]
Notre bien aimé Muhammad (paix et salut sur lui) et Abû Bakr (que Dieu l’agrée) se mirent ainsi dans cette grotte pendant trois jours tandis que les Qurayshites ratissaient les alentours de la Mecque. A un moment, leurs ennemis se tenaient à quelques mètres d’eux à l’extérieur de la grotte, mais Dieu les protégea par des 'miracles ordinaires'. Une araignée venait en effet de tisser sa toile à l’entrée de la grotte et des colombes y avaient fait leur nid et pondu leurs œufs. Les poursuivants se dirent que personne n’était entré dans cette grotte récemment et ne la fouillèrent pas.
Allah dit dans le Coran concernant l’événement:
«
Si vous ne lui portez pas secours... Dieu l'a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l'avaient banni (sortit), deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu'il disait à son compagnon : 'Ne t'afflige pas, car Dieu est avec nous.' Dieu fit alors descendre sur lui Sa sérénité 'sakîna' et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas, et Il abaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la parole de Dieu eut le dessus. Et Dieu est Puissant et Sage. » Sourate 9, verset 40.
Le shaykh al-Bûsirî,
dans sa célèbre Burda, a écrit dans ses vers à propos de la Hijra du dernier Messager (صلى الله عليه و سلم) :
« …
J’en jure aussi par ce que la grotte recelait de précieux et de noble, alors que les yeux de tous les poursuivants semblaient frappés de cécité, et que le porteur de la vérité(Muhammad) et le véridique(Abû Bakr) étaient dans la grotte. Pourtant, les idolâtres affirmèrent : “Il n’y a personne ici !”
Ils pensèrent que le pigeon ne pouvait planer au-dessus de la meilleure des créatures et que l’araignée ne pouvait non plus tisser sa toile pour le masquer.
…. »[3]
Les deux compagnons poursuivirent donc leur route, conduits par un guide païen, et empruntèrent une route côtière de manière à fausser compagnie avec leurs poursuivants. Lorsqu’ils arrivèrent enfin à Médine, Muhammad lâcha les rênes de sa chamelle et la laissa avancer comme bon lui semblait jusqu’à se qu’elle se posât. Le Prophète acheta la terre où sa chamelle s’était arrêtée. Puis, en attendant que la Mosquée du Prophète et ses appartements y fussent bâtis, le Prophète et Abû Bakr bénéficièrent de l’hospitalité très chaleureuse et généreuse des Ansâr.
Le premier État musulman a vu le jour à Médine. Il était basé sur les valeurs les plus nobles instituées par le Messager (صلى الله عليه و سلم) .
L’amour,
la fraternité, la solidarité et l’altruisme étaient à la fois le ciment et le moteur dans cette honorable société. Les Médinois (al-ansâr) ont accueilli très généreusement les émigrés (al-muhâjirîn), au point de partager avec eux leurs maisons et leurs biens.
Dieu dit à ce propos dans le Coran : «
Ceux qui possédaient avant eux la maison de l’exil (Médine) ainsi que la foi aiment ceux qui immigrent chez eux et ne ressentent dans leurs poitrines (cœurs) aucun sentiment d’envie pour ce que ces gens ont reçu. Ils leur donnent de plus la préférence sur eux-mêmes, même s’ils sont dans le besoin. » Coran 59/9.
Les versets du Coran révélés à la Mecque avaient traité essentiellement de Dieu et de la relation de l’homme avec Lui...Les versets révélés à Médine (période de l’Etat musulman) portèrent davantage sur la relation de l’homme avec autrui - les dimensions sociale, politique et économique de l’islam qui ne pouvaient pas être développées auparavant, sous la persécution.
Ensuite, vint la grande Victoire décisive (la libération de la Mecque) qui allait installer pour toujours la Religion parachevée, n’en déplaise à ses adversaires. Et ni les Croisades, ni les Colonisations n’ont réussi à l’abattre. Sa victoire est acquise et l’Islam ne disparaîtra jamais, conformément à la parole de Dieu :
« A dater de ce jour tout espoir est perdu pour les mécréants [d’anéantir] votre religion. Ne le craignez pas, redoutez-Moi plutôt ! En ce jour, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait pour vous Ma grâce et vous ai agréé l’Islam comme religion » (Coran5, 3). [Coran5, 3. Tr. A. Penot.]
Cette victoire perpétuelle est inscrite de toute éternité dans le plan Divin (La « Tablette Gardée »). [ Cf. Coran 85, 21-22.]
Ce fut le deuxième calife, `Umar Ibn Al-Khattâb(que Dieu l’agrée) qui choisit l’année de la hijrah(émigration) comme point de départ du calendrier musulman.
Le jeûne pendant le mois sacré de Muharram est méritoire et surtout le 10éme jour appelé
‘Ashurâ:
Il a été rapporté de façon authentique d’après le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) que le jeûne effectué pendant Mouharram est le meilleur après celui de Ramadan. A ce propos, Abû Hourayra a dit : « Le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « le meilleur jeûne après celui du ramadan est le jeûne effectué pendant le mois d’Allah Mouharram. Et la meilleure prière faite après la prière obligatoire est celle effectuée dans la nuit» (rapporté par Mouslim, 1163).
On prie Allah pour que cette nouvelle année
1430 soit une année de bonheur, de réussite et de prospérité pour tous les croyants et les croyantes.
On prie Allah aussi pour qu'Il nous guide, nous donne la paix intérieure et extérieure et qu'Il purifie nos coeurs.
Puisse Allah nous donner la fraternité, l'entente, la solidarité et l'Amour entre nous.
Amîn, Amîn, Amîn.
Notes et références :
[1] As-Suyûtî, Ar-Rawd Al-Anîq fî Fadl As-Siddîq (Les jardins élégants dans les mérites du Véridique).
Dr. `Alî As-Sallâbî, Al-Inshirâh wâ Raf` Ad-Dîq bi-Sîrat Abî Bakr As-Siddîq (Le réjouissement et le soulagement des peines par la vie d’Abû Bakr As-Siddîq), Dâr Al-Fajr, le Caire, 2003.
'Amr Khaled, Abû Bakr As-Siddîq, leçons disponibles en ligne.
Mohammad Ridâ, Abû Bakr As-Siddîq : Awwal Al-Khulafâ’ Ar-Rashidîn (Abû Bakr As-Siddîq, le premier Calife juste), Dâr Al-Hadîth, le Caire, 2004.
Voir aussi à ce sujet une autre version dans la traduction commentée du Coran de Hamza Boubakeur (l’ancien recteur de l’institut musulman de la mosquée de Paris),I, 558.
[2] Le Messager d’Allah a rassuré Abû Bakr en lui disant : « ne te chagrine pas, Allah est avec nous » (voir Sourate 9, verset 40). A propos des événements liés au séjour (forcé) du Prophète et son compagnon dans la grotte de Thawr voir As-sîra al-halabiyya : d’après ce recueil, le Prophète aurait répondu aussi à Abû Bakr : 'Sais-tu ce qui arriverait, s’ils venaient à rentrer dans la grotte ?' 'Qu’arriverait-il ô Prophète de Dieu', demanda Abû Bakr. 'Regarde', dit le Prophète. C’est alors que Abû Bakr vit une mer et un bateau à son bord. 'S’ils rentrent dans la grotte, nous sortirons par là', dit le Prophète !
Voir aussi « Les miracles de l’hégire » du Sheikh Ibrâhîm Julhûm.
[3] Voir Al-Burda (le manteau) du Sheykh Sharaf ad-Dîn al-Bûsîrî, traduit et commenté en français par Hamza Boubakeur (ancien recteur de la mosquée de Paris), imp. TIPE, Montreuil, 1980. Al-Burda est un poème très célèbre et très populaire consacré à l’éloge du Prophète Muhammad (صلى الله عليه و سلم).
Les références pour cet article :
* « Les miracles de l’hégire » du Sheikh Ibrâhîm Julhûm.
* « As-Suyûtî, Ar-Rawd Al-Anîq fî Fadl As-Siddîq » (Les jardins élégants dans les mérites du Véridique).
* « Sîrat Ibn Hishâm ».
* « Assîra Al halabiyya » de Nureddine Halabî.
* « Fiqh Assîra » de Muhammad Saïd Ramadane Al-bûtî (en arabe et en français) : traduit par Z.Diab revu par Fawzi Chaaban : éditions : Dar El-Fiker Beyrouth Liban : année 1995.
* « Le Prophète Muhammad, Sa vie d'après les sources les plus anciennes» de Martin Lings (r.a) paru aux éditions le Seuil.
* http://www.islamophile.org/spip/Au-tout-debut-l-Hegire.html