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Doctrine Malikite

Au Nom de Dieu le Clément, Miséricordieux



Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Chercher la science est une obligation pour chaque musulman ».

Il dit aussi : « les Anges étendent leurs ailes à celui qui cherche la science : par satisfaction de ce qu'il fait ».

Et il dit : «Certes, Allah, et Ses anges, les habitants des cieux et de la terre, jusqu'à la fourmi dans sa tanière et jusqu'au poisson prient pour celui qui enseigne aux gens le bien ».

Qu’Allah fasse de ce Forum une aumône courante pour Sa Face généreuse.

Que nos intentions soient purement pour Allah seul.

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Le Fiqh est nécéssaire mais n'est pas suffisant pour protéger la foi

 ashwaq
Jeudi 13 Septembre 2007

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Pour nos frères et soeurs, voici un article de l'auteur du livre sur la traduction d'Ibn âshir(l'essentiel de la religion musulmane), sur l'importance de la jurisprudence dans l'éducation spirituelle Muhammadienne de la Tariqa Qâdiriyya Butshîshiyya:

L'Imâm Mâlik Ibn Anas (93-179 H.) a dit : 'Celui qui étudie la jurisprudence (tafaqqaha) et ne pratique pas le soufisme (tasawwuf) est un pervers (fâsiq); et celui qui pratique le soufisme et n'étudie pas (n'apprend pas, n'applique pas) la jurisprudence est un hérétique (zindîq); celui qui allie les deux, atteint la vérité ou est le parfait réalisé (tahaqqaqa).' [1]

Le Shaykh Zarrûq a dit : « le soufisme est la science qui vise la pureté des coeurs (c'est à dire à rendre les coeurs sains) et le fait de les dépouiller de tout ce qui n'est pas Dieu. Le Fiqh consiste en la réforme des actes et la préservation de l'ordre (droiture) ainsi que l'expression de la sagesse des principes de la loi (al-ahkâm). Les Usûl forment la science de l'unicité divine par la réalisation effective des preuves, et par l'ornementation (la parure) de la foi à travers la conviction : comme la médecine préserve la santé du corps, ou la grammaire préserve la langue etc.. : [Le Fiqh préserve la loi et le soufisme préserve la foi

Les soufis sont les hommes libres parmi les êtres, car ils sont avec Dieu et pour Dieu en tout temps et en chaque situation. Beaucoup de musulmans comprennent à tord que cette liberté sous-entend le désengagent de la loi divine !

Le débat entre le new-salafisme et le soufisme tourne justement autour de cette question importante : le culte des soufis est-il basé sur la loi divine ?

Pour répondre à cette question, on peut poser une autre question tout aussi importante que la première : Quelles sont les bases du new-salafisme?

A la base du new-salafisme, on trouve le wahabbisme qui fait partie de ce que certains savants sunnite spécialistes[2] appellent « As-salafiyya An-nassiyya » [3]; c'est-à-dire la « salafiyya ou salafisme » qui se contente strictement du texte[4] et donc impose un traitement juridique vertical à toute affaire, sans tenir compte du temps et de l'espace (du contexte) y compris pour les questions à divergence connue dites de l'Ijtihâd. Le Wahhabbisme se caractérise entre autre par les points doctrinaux suivants:
*Renier le fait qu'un musulman doit suivre une des quatre écoles (madhâhib),
*Permettre à tout Muqallid d'accéder à l'effort juridique (Ijtihâd) sans considération des normes et règles émises par les savants des quatre doctrines et autres (ce qui est très dangereux),
*Étendre la notion d'innovation blâmable ou égarée à de nombreuses choses nouvelles, même licites (sans considération des règles prescrites par les anciens savants de la sunna pour distinguer les différents types d'innovation )[5]
*Renier le tawassul (les savants de la « salafiyya Fiqhiyya » rapportent eux, plus de dix sept preuves découlant du Coran et de la Sunna à propos des mérites de la supplication de Dieu par la faveur du Messager ou des saints vivants ou morts)[6] .
*Dire qu'ils sont « le groupe sauvé » et que tous ceux qui ne sont pas en accord avec eux sont des égarés.
*Et surtout accuser les soufis, les ashaarites et beaucoup de musulmans, de mécréance (kufr) et d'hérésie.

Les soufis soutiennent eux l'appartenance à une doctrine et considèrent que les avis juridiques et l'Ijtihâd en général, doivent être exclusivement l'affaire des spécialistes en la matière. L'Ijtihâd a donc pour eux des règles, et la discipline de la Fatwa est soumise chez eux à des convenances et des conditions strictes. Pour un Muqallid, suivre un savant de la religion est nécessaire. C'est la garantie contre l'anarchie et la Fitna selon les quatre doctrines et selon les soufis.

Quant aux outils utilisés pour répondre aux questions d'actualité et du changement du contexte :
Les savants des trois doctrines : hanafite, malikite et shafi'ite considèrent (pour établir une Fatwa) en plus du Coran et de la Sunna, le consensus, l'analogie (al-qiyâs), l'interprétation (at-taawîl) et l'opinion (ar-raay) émis par le savant en considérant la finalité et la sagesse de la législation ainsi que l'intérêt de la communauté (al-maslaha)...

Le Hadîth suivant : « Dieu envoie à cette communauté à la tête de chaque siècle quelqu’un qui revivifie pour elle sa religion » , [Hadîth sahîh: rapporté par Abû Dâwud dans ses Sunan (n° 4291), Al-hâkim dans son Mustadrak 4/522, Al-bayhaqî dans ma'rifat as-sunan wa al-âthâr 1/28/422 et par d'autres.]
Ce hadîth concerne aussi bien les savants exotériques qui répondent aux questions d’actualité de la communauté en ce qui concerne la jurisprudence ou autre, que les savants ésotériques (les connaisseurs de Dieu qui aident les disciples à purifier et réformer leurs cœurs dans l’environnement et le contexte de chaque époque).

Les maîtres soufis, s'occupent du coeur et son éducation : en effet, pour eux, le coeur est le roi des membres, ceci selon le Hadîth qui précise qu'il y a dans le corps un morceau de chair, s'il est sain (réformé) tout le corps est sain et s'il est corrompu tout le corps devient corrompu, il s'agit du coeur[7] .

Néanmoins, la tâche des soufis s'étend aussi à ce qui aide, oriente et influe de l'extérieur sur cette éducation et sur ce coeur : il s'agit de la Sharî'a. Car des membres « malades » et non conformes à la sharî'a, perturberont et empêcheront le coeur de voir avec la lumière divine ou de recevoir ce qui provient de Dieu.

Pour les maîtres soufis, l'apprentissage des sciences religieuses et en particulier du nécessaire du Fiqh est une condition sine qua non pour cheminer dans leur voie en toute assurance et atteindre les stations des réalisés en toute humilité.

Sidi Hamza maître vivant de la Tariqa Qâdiriyya Al-Butshîshiyya insiste sur le respect et l'assiduité à la loi divine en disant : « La Sharî'a (loi divine) est la porte de la Haqîqa (la vérité) », il compare aussi la personne qui ne cherche pas à connaître et à se parer de la Sharî'a, au récipient rempli de miel qui est laissé à l'air libre et qui n'est pas protégé ainsi contre les poussières et les insectes...
Dans une de ses sagesses, il dit : « La Haqîqa survole autour du coeur du disciple, mais n'atterrit (se pose) et s'installe que si la piste (le coeur) est propre et pure. Ce coeur qui est le lieu du regard divin ne peut être le réceptacle de cette Haqîqa que si la Sharî'a est respectée. Si la personne n'observe pas les limites de Dieu, il ne pourra prétendre à la réalisation (at-tahqîq). Protégez vos coeurs en apprenant et en respectant la Sharî'a, vous connaîtrez ainsi le vrai bonheur dans ce monde et dans l'autre... ».

La Zawiya Butshîshiyya de Madagh comme beaucoup de confréries au Maroc, propose aux disciples en plus de l'éducation spirituelle basée sur le Dhikr, des programmes d'apprentissage du Coran et des sciences religieuses dont le Fiqh.

Pour Sidi Hamza, on ne peut adorer Dieu en l'ignorant. Ainsi, l'essence et le sens de la voie c'est suivre les traces du modèle muhammadien... Obéir à ses commandements et s'éloigner de ses interdits.

La droiture est meilleure que mille miracles. Les théophanies divines (at-tajalliyât) ne doivent aucunement servir à nourrir l'ego mais plutôt à reconnaître la grandeur du Seigneur et Sa faveur en toute chose et surtout s'affermir et se dévouer dans Son adoration.

Pour tout cela la connaissance de la loi de Dieu est obligatoire.

Sidi Hamza recommande le Matn d'Ibn 'âshir en Fiqh et l'a même mis dans les programmes d'enseignement des différentes Zawiya du Royaume et dans les pays où la Tariqa est présente et active. Il dit à son propos : « celui qui apprend le Matn pourra prétendre en toute certitude qu'il a acquis les bases nécessaires de sa religion ».

Sidi Hamza recommande aussi le Shifâ d'Al-qâdi 'Iyâd et Nûr Al-yaqîn en Sîra(biographie du Prophète) ainsi que le Sahîh Al-Bukhârî en Hadîth. Dans diverses occasions religieuses au sein des Zawiya les relectures du Coran, d'Al-Bukhârî et du shifâ sont à l'honneur.

Le modèle de la Tariqa al-qâdiriyya al-butshîshiyya est la preuve vivante que les soufis sont les plus attachés à la loi divine et ses principes. L'effort du travail sur soi et le combat contre l'âme charnelle sont raffermis certainement et mieux réussis par l'apprentissage des sciences utiles, car une tradition rapporte : « un savant est plus puissant contre le diable que mille adorateurs ignorants ».

Enfin, les soufis sont aidés et soutenus par la lumière de la piété qui leur permet d'apprendre et de comprendre aussi bien la science venant de Dieu ('ilm ladunî) que Ses signes subtils (latâif) et les finalités de Ses lois (maqâsid)... Dieu dit dans le Coran: « Soyez pieux et Dieu vous enseignera (vous dispensera Sa science). Dieu est Omniscient » Sourate II, verset : 282.
L'Imâm Al-Shâfi'î avait écrit ces vers quand il était jeune élève chez son maître Wakî'a :
« Je me suis plaint auprès de mon maître Wakî'a ma mauvaise mémorisation (apprentissage).
Il m'a enseigné alors de me tenir loin des péchés (tant extérieurs qu'intérieurs).
Et il me dit : « la science est une lumière, et la lumière de Dieu ne peut être donnée à un pécheur ».


Notes de bas de page:
[1]Phrase rapportée par le spécialiste du hadîth Ahmad Zarrûq, par le spécialiste du hadîth 'Ali ibn Ahmad al-'Adawî dans le tome 2 de ses ?uvres, par al-Hâfiz `Ali al-Qari al-Harawi et d'autres.
[2]Voir « Ihtîfâl bi al-mawlid An-nabawî » du professeur Al-Bashîr Al-mahmoudî : éd. : Al-matba?atu wa al-warrâqatu Al-wataniyya : Marrakech, 2006 : pages 36--39.
[3]On trouve aussi sous cette catégorie : la « salafiyya at-taymiyya » et la « salafiyya hanbaliyya » qui sont modérés et prennent en considération les arguments des compagnons et des anciens savants : ils reconnaissent le soufisme et la doctrine théologique du Ash'arisme. La deuxième catégorie de salafisme est la « salafiyya fiqhiyya » qui représente une continuité et une concordance avec la logique et les instruments juridiques des quatre doctrines : donc pour elle, il y a un traitement juridique horizontal et vertical des affaires (qui prend en considération les variables du temps et de l'espace tout en restant lié au texte traditionnel et sa finalité : en utilisant les règles prescrites par les compagnons et par les quatre doctrines pour l'Ijtihâd). Même référence page 40.
[4]Leur doctrine repose sur leur interprétation personnelle du Coran et de la Sunna. Le wahabbisme se considère comme un mouvement et non pas comme une doctrine mais la réalité et l'impact de ses fatwa fait qu'il ne peut qu'être classé comme doctrine, voir même comme une idéologie dangereuse.
[5]Voir « Itqân As-san'a fî tahqîq ma'anâ al-bi'a » du docteur Abdellah Ibn As-seddîq Al-ghumârî ou al-'Izz Ibn 'Abdessalâm dans sa classification.
[6]A propos de ce sujet on conseille une référence très utile : il s'agit d'un petit traité du grand savant et Imâm Abdellah Ibn As-seddîq Al-ghumârî : « Ithâf Al-athkiyâ fî jawâz At-tawwassul bi al-anbiyâ wa al-awliyâ ».
[7]Cité par An-nawawî dans ses quarante Hadîth.

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