As-Salamou 3alaykoum,
Mais en ce qui concerne les pieds dans les rangs, j'avais entendu que l'école malékite déconseillaient de coller les pieds avec ses voisins lors de l'alignement, qu'en est-il ?
Salam aleikoum,
ce que vous dites est vrai pour l'ensemble des 4 écoles. D'ailleurs l'imam Ibn Hajar al Asqalani écrit dans son Fath al Bari (commentaire du recueil de Boukhari) qu'il n'y aucune divergence chez les Salafs : la personne qui prie en groupe n'écarte pas plus les pieds que lorsqu'elle prie seule, ce qui va à l'encontre des pratiques prônées par les réformateurs.
Selon l'école malékite, la distance entre les pieds de celui qui prie ne doit pas dépasser la largeur de ses hanches environ.
Selon l'école hanafite, la distance doit être de préférence de moins d'une main de large.
Selon l'école shafi'ite, la distance doit être d'une main de large, pas plus.
Selon l'école hanbalite, l'écart entre les pieds doit être réduit, sans que les pieds ne se touchent.
Il y a donc consensus unanime : les pieds ne doivent pas être trop écartés.
L'opinion selon laquelle il est recommandé (voire obligatoire) pour le priant de joindre ses pieds à ceux de ses compagnons n'apparaît pas (a priori) chez les anciens.
Les savants du passé ne parlaient que de joindre les épaules, en se basant sur plusieurs hadiths authentiques bien connus.
Donc, d'où vient l'idée de joindre les pieds ?
Il semble que cela provienne d'une mauvaise compréhension d'un propos de Nu'man Ibn Bashir qui rapporte qu'il a vu un homme 'coller son épaule, son genou et sa cheville avec celui de son compagnon'.
L'interprétation traditionnelle de cette parole est qu'elle est plus symbolique que littérale. D'une part, il quasiment impossible de prier cheville contre cheville (surtout s'il y a une différence de taille ou de corpulence) et encore moins genou contre genou (voire cou contre cou dans une des versions du hadith (!!!)).
Le propos de Nu'man ibn Bashir met l'accent sur le fait d'aligner les chevilles dans un même axe, ce qui est d'ailleurs difficile si les pieds (en réalité les orteils) se touchent.
Au final, cette pratique nuit à l'harmonie de la prière, en particulier au moment de la prosternation, à la concentration de ceux qui prient et gêne la réalisation du commandement prophétique de serrer les rangs en joignant les épaules.
D'ailleurs, un shaykh wahhabite connu (Ibn 'Uthaymin) a rédigé une fatwa pour rejetter, lui aussi, cette pratique.
La question de joindre les pieds est un bon exemple des dégâts que peut faire la lecture et l'interprétation des textes par des non-spécialistes, en faisant abstraction de l'avis des (vrais) savants.
Wa salam aleikoum