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Doctrine Malikite

Au Nom de Dieu le Clément, Miséricordieux



Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Chercher la science est une obligation pour chaque musulman ».

Il dit aussi : « les Anges étendent leurs ailes à celui qui cherche la science : par satisfaction de ce qu'il fait ».

Et il dit : «Certes, Allah, et Ses anges, les habitants des cieux et de la terre, jusqu'à la fourmi dans sa tanière et jusqu'au poisson prient pour celui qui enseigne aux gens le bien ».

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Al-Istiwâ et la Risâla d'Ibn Abî zayd

 Abdel Batin
Jeudi 13 Septembre 2007

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Voici un article du chaykh Gibril Foad Haddad sur la formulation 'bi dhatihi' dans lequel une partie est consacré à la parole d'Ibn abî Zayd al-qayrawani dans la risala. J'espere qu'il n'est pas trop compliqué

La formulation innovée « en Personne/par Son Essence » (Nafsuhu/Bi Dhatihi)

Shaykh Gibril Haddad, Damas Syrie
Rajab 1423 de l'hégire.

« L'istiwa (établissement) sur le Trône prouve qu'Allah est sur le trône en personne [par son Essence] (Allahu nafsuhu fawqa al'arsh). »

Ibn Taymiyya, al-Fatwa al-H.amawiyya (p. 325)

Nous avons cité précédemment le verdict de Sulayman ibn Abd Allah ibn Muhammad ibn Abd al-Wahhab de takfîr sur ceux qui disent que « Allah est en personne (Bi-dhatihi) dans chaque endroit, ou dans un endroit. » [1] ce verdict est ironique en raison de l'utilisation répandue de l'expression « qu'il est établi au-dessus du trône par son Essence» parmi ceux qui considèrent Muhammad ibn 'Abd al-Wahhab comme une de leurs principales autorités.

Ibn al-Jawzî dit dans Daf'u Shubah at-Tashbîh : « Celui qui dit : Il s'est établi sur le Trône « en personne/par Son essence» (Bi-dhatihi), a détourné le sens du verset coranique vers celui de la perception sensorielle. Les anthropomorphistes ont dit : Il est établi au-dessus du trône « par son essence. » Mais cet ajout n'est rapporté par personne! Ce n'est que ce qu'ils ont compris avec leurs sens, à savoir, qu'on ne peut être établi autrement que par son essence même. » [2]

L'utilisation la plus notoire de l'expression est celle d'Ibn Karram qui, comme le rapporte Al-Shahrastanî, indiquait : « Allah est fermement assis sur le trône et il est par son essence (dhâtan) du côté supérieur de celui ci. » [3]


Le réfutation qualifiée de cette expression par Ibn 'Abd al-Bar

Ibn 'Abd al-Barr a soutenu la position que dire 'bidhatihi' dans le hadith de la descente est une modalité, ce qui est interdite par d'Ahl Al-Sunna. Il énonce :

D'autres indiquent qu'Il descend avec Son essence (bidhatihi). Ahmad ibn 'Abd Allah nous a indiqué que son père lui a dit : Ahmad ibn Khâlid nous a dit: Yahhyâ ibn 'Uthmân ibn Salih nous a rapporté en Egypte : « J'ai entendu Nu'aym ibn Hammad citer le'hadîth de la descente pour réfuter la position des Jahmiyya et Nu'aym a dit: « Il descend avec son essence (bi dhatihi) tandis qu'il reste sur son kursî»' C'est sans valeur selon l'opinion des personnes de compréhension parmi Ahl Al-Sunna car celà est une modalité. » [4]

Pourtant Ibn Abd Al-Barr soutient fermement qu'Allah est littéralement dans la direction ascendante, au-dessus des cieux, sur le trône, comme on peut le lire ailleurs. Nu'aym ibn Hammd est le narrateur du Hadîth anthropomorphiste : « J'ai vu que mon seigneur sous la forme d'un jeune homme imberbe portant une longue robe verte et Il a des sandales dorées? » [5]


La condamnation de Al-Dhahabî de cette expression

Al-Dhahabî lui-même, aussi bien que d'autres, a condamné l'utilisation de l'expression en tant qu'innovation (bid'a) :

Abû Zakariyya Yahya ibn Ammâr al-Sijistânî [6] le précheur a indiqué dans son épître : « Nous ne disons pas, comme les Jahmiyya l'ont dit, que Allah fusionne avec les endroits, qu'Il est mêlé à tout, et que nous ne savons pas exactement où il est. Plutôt, nous disons : Il est par essence/en personne (Bi dhatihi) au-dessus du trône, et sa Science englobe tout? »

Commentaires d'Al-Dhahabî :

« Votre parole Bi dhatihi sort de votre propre sac. Il peut avoir une bonne interprétation, pourtant il n'y a aucun besoin de lui, car ceux qui interprètent l'istawâ; indiquent : `Cela signifie qu'Il l'a soumis Lui-même (qahara bi dhatihi) et dominé en personne (Istawla Bi Dhatihi), sans aide ni auxiliaire. » [7]

· Le maître en hadith et la « preuve de la religion » Abû Nasr Ubayd Allah ibn Saad al-Wâilî al-Sijzî a indiqué dans son livre Al-Ibâna : « Nos Imâms, tel que Sufyân al-Thawrî, Malik, Hammâd ibn Salama, Hammâd ibn Zayd, Sufyânn ibn 'Uyayna, al-Fudayl ibn Iyâd, Ibn al-Mubârak, Ahmad, et Ishâq Ibn Râhawayh sont d'accord que Allah Tout Puissant est par Son essence (Bi dhatihi) au-dessus du trône, et par Sa Science dans chaque endroit, il descend au ciel le plus proche etc. »

Al-Dhahabî cite le maître soufi et l'imâm Hanbalî, Shaykh 'Abd al-Qâdir al-Gîlânî, comme ayant dit dans al-Ghunya :

Il est établi (mustawin) au-dessus du Trône, ce qui comprend toute Sa domination, tandis que Sa science englobe toute chose. (Vers Lui monte la bonne parole, et Il élève haut la bonne action) (35 :10). Il est interdit de le décrire comme étant dans tous les endroits. Plutôt, que l'on dise qu'Il est dans le ciel, au-dessus du Trône (fî al-samâ 'alâ al-'arsh) juste comme Il a dit (Le Tout Miséricordieux S'est établi sur le Trône) (20 :5). Ceci [ce verset] doit être affirmé dans des termes absolus et sans interprétation. Quant au fait qu'Il soit au-dessus du Trône, ceci est mentionné dans tous les livres ayant jamais été révélés à tous les prophètes ayant jamais été envoyés, sans spécifier « comment. » [10]

Cette citation prouve que les mots bi dhâtihi mentionnés dans certaines éditions du même passage d'al-Ghunya sont des interpolations - de même que l'inclusion de l'Imâm Abû Hanîfa et de son école parmi les innovateurs ![11] - comme indiqué par al-Kawtharî dans ses notes du al-Sayf al-Saqîl de Shaykh al-Islâm al-Subkî. Al-Kawtharî a appelé à une nouvelle édition de la Ghunya, plus minutieuse que celles actuellement en circulation, et a cité les Ulema qui ont remis en question son intégrité textuelle et sa fiabilité dans les narrations de Hadîths et les questions doctrinales, tels qu'al-Haytamî dans ses Fatâwâ Hadîthiyya, al-Yâfiî dans Nashr al-Mahâsin, et al-Najm al-Asfahânî.

L'Imâm al-Haytamî a écrit :

Sur la question des mots interpolés et introduits (madsûsa) dans le livre al-Ghunya de Shaykh 'Abd al-Qâdir - Qu'Allah sanctifie son secret - par des gens répugnants (mamqûtîn) :

Prenez garde ! de peur que vous ne dérapiez et ne soyez égarés par ces choses (douteuses) que l'on trouve dans le livre al-Ghunya de l'imâm des connaisseurs d'Allâh, le pôle spirituel de l'Islam et des musulmans, le professeur vénérable, Abd al-Qâdir al-Gîlânî, parce que celles-ci ont été introduites par quelqu'un d'autre - Allâh le punira, et il devra répondre de ses actes devant Allâh. Quel que soit le cas, le Shaykh lui-même est innocent d'une telle calomnie à l'encontre de sa personne exaltée.

Et comment serait-il possible qu'il propage une telle position, qui n'a ni fondement ni valeur ? Il était un savant averti et érudit du Qur'ân, du Hadîth et du fiqh tant Shâfi'i que Hanbalî. Il connaissait si bien les deux écoles et était une telle autorité qu'il a émis la fatwâ selon les deux ! Et ces choses basses sont attribuées à quelqu'un à qui Allâh a accordé des trésors d'un genre insondable de connaissance (ma'ârif) et des miracles - aussi bien l'évident et le manifeste que le subtile ! ?

D'ailleurs, il [Shaykh 'Abd al-Qâdir al-Gîlânî] connaissait très bien la Risâla d'al-Qushayrî et devait ainsi être d'accord avec ce qui y est rapporté d'un des Imâms des musulmans à ce sujet, à savoir :

Abû 'Uthmân al-Maghribî a dit : « Je croyais en la doctrine de la direction d'Allâh, mais quand je suis arrivé à Baghdâd ceci s'est éloigné de mon coeur, à la suite de quoi j'ai écrit à mes compagnons de Makka que j'avais embrassé l'Islâm à nouveau. » À ce moment-là, tous ceux qui le suivaient ont abandonné leur croyance en la direction.[12]

· Dans son chapitre du Siyar sur le maître en Hadith Abd al-Jalil ibn Muhammad al-Asbahânî (D. 553) : al-Dahabi rapporte de al-Samânî que le shaykh de al-Asbahânî , le maître en hadîth Ismaîl ibn Muhammad l'avait expulsé de son cercle d'études et l'a banni pour avoir dit : « La descente d'Allah se fait par son Essence/en personne (Bi-Al-dhât). »

Al-Dhahabî commente: « Nous disons qu'Allah [subhanahu wa ta'ala] « vient » et « descend » mais nous interdisons quiconque de dire: « Il descend en personne/par Son Essence» (Bi dhatihi). De même, nous ne disons pas : « Il descend par Sa Science» (Bi 'ilmihi). Plutôt, nous restons silencieux et n'essayons pas d'être plus éloquents que le prophète sallahu 'alayhi wa salam au moyen d'expressions innovées. » [12]

· Al-Dhahabî cite plus loin dans le Siyar : « Il n'y a aucun besoin de l'expression Bi dhatihi elle dérange l'âme. » [13]

Condamnation de Ibn 'Abd al-Salâm de cette formulation

· L'imam Abî Muhammad ibn Abî Zayd al-Maghribî,le Shaykh des Malikites, dit dans le commencement de sa célèbre Risâla sur l'école de l'Imam Mâlik : « ? Et cela Il est au-dessus (fawq) de Son trône glorieux par Son essence (Bi dhatihi), et en tout lieu par Sa Science. » [14]

On a demandé Ibn Abd al-Salâm dans ses Fatwas : « Que dites vous au sujet de la parole d'Ibn Abî Zayd d'Al-Qayrawân : « Allah est au-dessus de Son trône exalté par Son essence, et est en tout lieu par Sa Science » ? Une telle affirmation attribue-t-elle une direction à Allah ou pas ? Et est celui qui tient une telle croyance est-il déclaré mécréant (kâfir) ou pas ? »

Il a répondu :

La signification littérale de ce que Ibn Abî Zayd a dit attribue bel et bien la direction à Allah, parce qu'il a fait une différence entre [la nature de la 'présence'] d'Allah au-dessus du trône et [la nature de Sa 'présence'] avec Sa création.

Quant à la deuxième question, la position la plus correcte est que celui qui professe la croyance en une direction pour Allāh n'est pas déclaré un mécréant, parce que les savants de l'Islām n'ont pas déclaré des gens comme ceux là hors de l'Islām ; plutôt, ils ont déclaré qu'ils avaient droit à hériter des musulmans, à l'enterrement en terres musulmanes, à la protection de leur sang et de leurs biens, et ils sont toujours soumis à l'obligation de prier. La même chose est vrai de tout ceux qui ont propagé des innovations : les gens n'ont jamais cessé de leur appliquer à elles les lois qui s'appliquent à tous les musulmans. Ne prêtez aucune attention à ce que les gens du commun réclament au sujet de leur prétendue mécréance.[15]

Al 'Adawî a indiqué dans son commentaire sur la Risâla d'Ibn Abî Zayd :

Il [Ibn Abî Zayd] a été porté mis en procès pour avoir dit Bi dhatihi, mais pas pour avoir dit « au-dessus de Son trône glorieux. » Car la Loi a cité l'élévation en termes absolus, comme dans Sa parole (Qu'ils craignent leur Seigneur au-dessus d'eux [min fawqihim]) (16 :50). Ainsi la signification de l'élévation [d'Allah] est absolue en soi, pas dans sa relation spécifique au Trône. Par conséquent, il est permis que quelqu'un dise « au-dessus de Son ciel, » « au-dessus de Son trône, » dans le sens d'une élévation de statut, de majesté, et d'autorité (fawqiyyat al-sharaf wal-jalâl wal-saltana). L'Imam Abî Muhammad Abd Allah Muhammad ibn Mujahid a indiqué : ' Parmi l'excédent de sujets qu'ils ont atteint le consensus est [le devoir d'] déclarer en termes absolus qu'il -exalté soit Il! - 'est au-dessus de Ses cieux, au-dessus de Son trône, au delà de Sa terre (annahu ta'âlâ fawqa samâwâtihi 'alâ 'arshihi dûna ardihi) » [16] en termes absolus et conformément à la Loi. ' Car il n'est pas mentionné dans la loi qu'Il est sur la terre, par conséquent d'où la parole 'au delà de Sa terre'. » [17]

Condamnation de Ibn Hajar de cette expression

Ibn Hajar, comme Sulayman ibn Abd Allah ibn Muhammad ibn Abd al-Wahhab après lui, a rejeté la parole qu'Allah serait sur le trône « par Son essence» comme étant tout aussi absurde que de dire qu'Il est partout :

Une partie des Mu'tazila a prétendu qu'Allah était partout sur la base du Hadith « si l'un de vous est en prière, ne le laissez pas cracher devant car Allah est devant lui. » [18] ce n'est là qu'ignorance évidente, car le Hadith déclare ensuite qu'il devrait cracher sous son pied, ce qui réfute leur croyance. Ce Hadith constitue également une réfutation de ceux qui disent que cet Allah est sur le Trône « par Son Essence (Bi Dhatihi). » [19]

Par la dernière phrase, Ibn Hajar, comme son Shaykh Zayn al-Dîn al-'Irâqî dans sa discussion sur le même hadîth , [20] fais référence à Ibn Abd al-Barr ainsi que ceux qui attribuent la direction à la Divinité.









NOTES :


[1] Dans son al-Tawdîh 'an Tawhîd al-Khallâq fî Jawâb Ahl al-'Irâq (1319/1901, page 34, ed. Al-Riyad : Dâr Tibah, 1984).

[2] Ibn al-Jawzî, Daf' Shubah al-Tashbîh (Saqqâf ed. p. 102-104, 127-128; 1998 Kawtharî re-ed. p. 8, 20).

[3] Al-Shahrastânî, Al-Milal wal-Nihal (le Caire, P. 1317 145).

[4] Ibn Abd al-Barr, al-Tamhîd (7:144).

[5] Rrapporté d'Umm al-Arabî, par Nu'aym ibn Hammâd cf. al-Dhahabî, Mîzân (7 :42). Un récit 'rejeté' (munkar) selon Imam Ahmad comme indiqué dans le livre d'al-Dhahabî: Tartîb al-Mawd.ū?āt (P. 22 # 22), et selon al-Ahdab dans Zawâid Târîkh Baghdâd (8 :37-40 # 1662).

[6] « son ardeur contre des innovateurs et les Jahmiyya l'ont poussé pour enfreindre la manière du Salaf. » Al-Dhahabî, Siyar (13 :310 # 3932).

[7] Al-Dhahabî, Mukhtasar Al 'Uluw (P. 263 # 319). Voir la discussion sur l'istawâ et l'istawlâ dans l'article « Istiwâ' est un acte divin. »

[8] Al-Dhahabî, Mukhtasar Al 'Uluw (P. 266-267 # 243)

[9] Al-Dhahabî, Mukhtasar Al 'Uluw (P. 283 # 348)

[10] Cf. Z.afar Ah.mad al-Tahānawī, Abū H.anīfa wa As.h.ābuhu al-Muh.addithūn (P. 53) dans son introduction à I?lā? al-Sunan.

[11] Al-Haytamī, Fatāwā H.adīthiyyaH. (P. 204). Cf. Al-Qushayrī, Risāla, ch. sur Abū Uthmān Al-Maghribī

[12] Al-Dhahabî, Siyar (15 :112-113 # 4998).

[13] Al-Dhahabî, Siyar (Arna'ūt. ED. 19:607).

[14] Ibid. (P. 255-256 # 136), également dit par Ibn Taymiyya dans Majmū' Al-Fatāwā (5 :182)

[15] Ibn Abd al-Salâm, Fatâwî (P. 151, 153).

[16] C'est exactement la terminologie dopté par Ibn Abî Zayd dans son autre texte sur le Crédo dans le `d'Al-Jâmi fî l-Sunan (P. 141).

[17] Al-Adawî, Hâshiya . (1 :69-70).

[18] Relaté d'Ibn 'Umar par Al-Bukhârî et Muslim. Al-Qurtubî dans Al-Asnâ (2 :90) a indiqué : « Il signifie seulement que la qibla d'Allāh et Sa miséricorde son devant lui. » Voir la section de Al-Bayhaqî intitulée « la direction ou doit se tourner l'adorateur par Allah. »

[19] Ibn Hajar, Fath. Al-Bârî (ED 1989. 1:669).

[20] Dans Tarh al-Tathrîb (2 :382). Voir son commentaire détaillée de ce hadith (2 :380-386).

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